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La folle histoire des lunettes : Du Moyen-Âge à nos jours

L’histoire des lunettes continue de s’écrire, en France notamment, grâce à une singulière reconversion…

Nous sommes dans le Jura. Quelques moulins à grains et clouteries profitent des eaux de la Bienne. Ici, le flanc des montagnes recèle de minerai de fer pour fabriquer le métal. Et grâce au bois abondant des forêts on peut alimenter le feu des forges en continu. Enfin grâce à l’eau, on dispose d’une force motrice idéale pour activer les martinets. Le clou sera donc la grande affaire de ce que va devenir la ville de Morez.  

En 1796Pierre-Hyacinthe Cazeaux, maître-cloutier installé à Morez, vint à la célèbre Foire de Beaucaire où sa dernière invention fit sensation : les lunettes à branches. 

 Suspendre aux oreilles, au moyen de branches en fil de fer, deux verres correcteurs placés devant les yeux de façon stable et permanente, voilà qui paraît aujourd’hui une évidence ; encore fallait-il y penser !   

Ainsi les lunettes naquissent de la fabrication du clou. 

Le succès est immédiat et de véritables ateliers commencent à voir le jour et c’est ainsi que le petit artisanat de montagne finit par devenir une industrie exportatrice à part entière.  

Les épopées industrielles ne sont pas linéaires.  

En 1920, la mode féminine change au profit de la coupe « garçonne » : c’est l’effondrement du marché du peigne en acétate de cellulose dont la ville d’Oyonnax, située à une cinquantaine de kilomètres de Morez, s’était faite une spécialité.  C’est ainsi que la vallée des « peigneux » va se convertir elle aussi aux lunettes, tout en conservant son savoir-faire dans le travail des matières plastiques importées d’Italie. L’héritage du peigne oriente les techniques mises en œuvre. Les Lunetiers d’Oyonnax innovent en concevant le gainage plastique du métal, ce qui permet d’obtenir des lunettes flexibles et inaltérables. 

Adapté à la fabrication de masse, mais surtout à la couleur et donc à la mode, l’acétate de cellulose va donner une nouvelle vigueur à l’industrie lunetière.  Les anciens décorateurs de peignes se sont reconvertis : ils inventent les décors sur les lunettes. 

Une puissante rivalité nait alors entre les vallées de Morez et d’Oyonnax. 

La guerre éclate et Morez se retrouve en zone occupée. Les fabricants du métal transfèrent alors une partie de leur activité dans la vallée du plastique.  

C’est d’ailleurs à Oyonnax qu’en 1967 se tiendra le SILMO, premier salon au monde consacré à la lunetterie.  

Par une brusque inversion de tendance, le métal reprend le dessus sur les acétates de cellulose dans les années 80, époque durant laquelle le métal commence à arborer de la couleur. Morez retrouve son ascendant. Mais avec l’effondrement du dollar dans les années 80, les Américains se tournent vers de nouveaux fournisseurs. Désormais le danger vient d’ailleurs : la concurrence asiatique par le bas coût et italienne par les griffes contraignent la lunetterie française à sortir de l’impasse par le haut, en se tournant vers un marché aussi technique qu’exigeant : celui de la marque de créateur

Stupéfiante histoire de technicité et de passion que celles des lunettes. 

 Au moment où elles s’apprêtent à un nouveau saut qualitatif en tant qu’objet connecté, porteur de toutes les promesses des nouvelles technologies embarquées, elles continuent de s’affirmer comme un nécessaire visuel en même temps qu’un très subtil accessoire de style et de personnalisation. 

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